« il ne faut pas confondre la conviction et les valeurs avec le dogmatisme »

Entretien paru dans Toulouse Infos le 22 octobre 2013

Trois jours après que Jean Pierre Plancade ait annoncé sa candidature qui porte à quatre les listes de gauche au premier tour des élections municipales, François Briançon revient pour Toulouse Infos sur l’actualité de la campagne. Calendrier, impopularité du gouvernement, les critiques de ses adversaires et l’affaire du tract des jeunes pop, le directeur de campagne de Pierre Cohen n’élude aucun sujet. Entretien.

 Toulouse Infos : Il y a 10 jours, Pierre Cohen a officiellement été investi par les militants socialistes. Le fort taux de participation (73,5 %) va vous permettre de lancer cette campagne sur une forte dynamique ?

François Briançon : La campagne n’est pas réellement lancée. Aujourd’hui nous sommes dans une phase dans laquelle le PS défend le bilan de la gauche toulousaine auprès des habitants par une vaste campagne de porte à porte. La campagne à proprement parler démarrera fin décembre/début janvier, c’est-à-dire au moment où on se donnera les moyens d’avoir un local de campagne, où l’on présentera notre liste, nos axes programmatiques … En ce qui concerne Pierre Cohen, aujourd’hui sa mission n’est pas d’être candidat mais Maire de Toulouse et c’est ce qu’il fait toute la journée. Le temps de la campagne viendra après.

TI : Cela fait maintenant plusieurs semaines que vous faites du porte à porte, sentez-vous un engouement pour cette campagne ?

FB : On sent de l’intérêt, les gens que l’on rencontre posent des questions et ont un avis sur la réalité de notre bilan. Ce qui est sûr, c’est que l’on a rencontré peu de gens qui pensent que Toulouse est restée à l’arrêt comme je l’entends dire chez certaines personnes de l’opposition. Tout le monde a un avis sur la façon dont la ville a bougé et incontestablement les changements ont bien été perçus par les Toulousains. Après il y a des appréciations diverses mais dans l’ensemble, on sent de l’intérêt pour notre démarche.

TI : A l’heure où le gouvernement Ayrault et François Hollande atteignent des records d’impopularité et que le PS est laminé à toutes les élections partielles, avez-vous peur que le contexte national joue en votre défaveur ?

FB : Une élection, ce n’est pas un moment de peur, c’est un moment démocratique que l’on aborde avec beaucoup d’enthousiasme et une certaine impatience d’ailleurs, donc non, le mot peur n’est pas approprié. Le climat national est un élément du contexte comme ça l’était aussi en 2008, mais c’est une élection locale avant tout et les Toulousains sont bien conscients de l’enjeu. Est-ce qu’on veut que l’équipe autour de Pierre Cohen continue le travail qu’elle a commencé ou est ce qu’on pense que ce travail doit s’arrêter et on doit revenir à la situation d’avant 2008. La question est assez simple.

TI : Le projet de l’UMP s’intitule : « du dogmatisme au pragmatisme », votre municipalité est dogmatique ?

FB : Ce sont des passages obligés de la politique politicienne. A droite comme à gauche, on critique toujours les gens en place qui n’écoutent jamais assez, décident seul…ce qui est paradoxal puisque nous serions dogmatiques alors que ces mêmes personnes nous reprochent de trop discuter et de ne pas assez avancer. Il va falloir qu’ils se mettent d’accord sur leurs analyses ! Il faut savoir si on veut des élus qui suivent le gré du vent, comme l’était monsieur Moudenc, c’est-à-dire que l’on arrête tout dès que se présente une difficulté et la ville n’avance pas, ou en tout cas pas en cohérence, ou si on veut des élus avec des valeurs et des principes. Je pense qu’il ne faut pas confondre la conviction et les valeurs avec le dogmatisme.

TI : Ce vendredi, l’ex socialiste et désormais ex PRG Jean-Pierre Plancade a officialisé sa candidature aux municipales. Après les Verts et le Parti de Gauche, cela fait déjà quatre candidats à gauche. C’est inquiétant pour Pierre Cohen…

FB : Jean-Pierre Plancade est quelqu’un qui a un parcours politique sinueux, qui est dans une aventure personnelle, et qui est aujourd’hui de fait l’allié objectif de Jean-Luc Moudenc. Il n’a pas de mots assez forts pour taper sur Pierre Cohen donc je ne le considère pas, dans cette élection, comme faisant partie de la famille de la gauche toulousaine.

TI : Pierre Cohen devrait porter plainte contre un tract injurieux distribué par les jeunes populaires 31, que pensez-vous de cette affaire ?

FB : On peut affirmer avec force nos valeurs et nos idées, on peut, et moi le premier, sur Twitter ou sur les blogs par moment céder au mot facile, à une petite caricature ou à une gauloiserie, ce n’est pas toujours très fin mais ça fait partie du débat politique. Cela ne me dérange pas mais ce qui est interdit, c’est l’attaque personnelle. Là, on a dépassé le cadre de la politique traditionnelle, on s’en prend à une personne et à son éthique personnelle et ce n’est pas acceptable. On ne suivra pas Jean-Luc Moudenc et l’UMP dans cette dérive.

TI : Vous ne croyez donc pas à la version de l’UMP qui explique que ce tract a été distribué par hasard ?

FB : Dans les deux cas c’est pitoyable, ou c’est fait exprès et c’est un trac qui avait été imprimé pour pouvoir servir ou alors c’est quelque chose qui trainait au fond d’un placard et cela veut dire qu’ils ont des problèmes d’organisation. J’ai travaillé très longtemps dans le milieu de l’imprimerie donc je sais reconnaître un tract qui est passé dans une photocopieuse comme le dit l’UMP et un tract qui est sorti d’une imprimerie. Et si ce tract est passé sous une photocopieuse, moi je cours le 100 mètres en moins de 10 secondes !