Entretien paru dans la Voix du Midi le 7 avril 2014
Par Pascal Pallas
Une semaine après votre défaite aux élections municipales de Toulouse, dans quel états d’esprit être vous ? Abattus ?
François Briançon : Non. Nous sommes surtout fatigués après une campagne longue et éprouvante. Mais nous sommes déjà combattifs et Pierre Cohen l’a montré lors du conseil municipal d’installation de la nouvelle majorité le 4 avril. Un moment de déception a forcément existé dès le verdict, toute l’équipe trouvant le résultat assez injuste. Un constat partagé par un certain nombre de Toulousains qui se sont réveillés surpris de voir la droite revenir au Capitole.
Qu’est ce qui est le plus dur dans la gestion d’une défaite ?
François Briançon : Il y a des choses plus grave dans la vie que de perdre d’une élection. Mais il est évident qu’il est difficile de se dire que tout ce que l’on a construit pendant six ans sera peut-être remis en cause.
Avez-vous analysé le choix fait par les Toulousains et les raisons de votre défaite ?
François Briançon : Non, pas encore. Chacun a son propre sentiment sur cette défaite mais il reste à faire une analyse collective de ce qu’il s’est passé et examiner tant les causes locales que nationales. On le fera avec celles et ceux qui ont participé à la campagne à nos côtés. Nous ferons ce travail avant l’été et une première réunion est prévue ce lundi 7 avril. Il sera nécessaire à la mise en route de notre conception de l’opposition municipale et du nécessaire travail de reconquête que celle-ci portera.
Justement, quelle idée vous faites-vous de ce travail d’opposition municipale ?
François Briançon : Les seize élus d’oppositions seront les portes-paroles d’un mouvement qui doit dépasser ceux qui militent au quotidien. Si l’opposition passera d’abord par les partis politiques, nous ne nous interdisons pas d’associer le plus grand nombre de Toulousains dans une construction collective.
L’opposition municipale peut-elle prendre une forme associative, comme ce qu’avait réalisé Jean-Luc Moudenc en fondant Toulouse Avenir au lendemain de sa défaite en 2008 ?
François Briançon : J’ai une idée précise pour ma part mais c’est à définir collectivement. Et nous le ferons.
Comment fonctionnera le groupe d’élus d’opposition au Capitole ? Sera-t-il morcelé selon les tendances politiques ?
François Briançon : Tout cela reste également à définir. Il n’est pas impossible que socialistes, communistes et écologistes souhaitent se diriger vers un groupe chacun. Ce n’est pas gênant. Il est d’ores et déjà acté que les seize élus prépareront tous les conseils municipaux ensemble. Quelque soit la forme, il y aura une coordination et un message commun.
Pierre Cohen a annoncé qu’il resterait 3 ans au sein de l’opposition municipale. Cet engagement tient-il toujours ?
François Briançon : La question est à poser à Pierre. Ce qui est sûr c’est que nous avons besoin de lui. Nous n’imaginons pas un seul instant qu’il ne soit pas à nos côtés.
Comment avez-vous vécu le conseil municipal de vendredi dernier, installant la nouvelle majorité et Jean-Luc Moudenc dans le fauteuil de maire ?
François Briançon : Jean-Luc Moudenc a été digne et respectable, à la hauteur de l’événement, en faisant notamment applaudir Pierre Cohen. Je regrette cependant qu’un certain nombre de ces supporteurs n’ont pas respecté cette direction prise en sifflant Pierre. Au-delà de ça, je dois dire que j’ai été choqué de voir un service d’ordre positionné à toutes les entrées du Capitole. C’est surprenant et j’espère que ce ne sera pas reproduit.
Quel regard portez-vous sur vos successeurs et les responsabilités qui leur ont été attribuées par JLMoudenc ?
François Briançon : Ce choix appartient au maire mais je regrette que la 4e ville de France soit la seule grande ville où la parité ne s’exerce pas entre le maire et le premier poste d’adjoint (Jean-Michel Lattes est premier adjoint, ndlr). La nomination d’Olivier Arsac à la sécurité m’interpelle également. Je ne m’attaque pas à lui personnellement mais à ce qu’il incarne. Il représente la droite de la droite, se revendiquant notamment à 95% d’accord avec Eric Zemmour, comme il l’a récemment déclaré dans la presse. C’est un motif d’inquiétude en totale inadéquation avec le rassemblement républicain derrière lequel s’est réfugié Jean-Luc Moudenc dans son discours. Enfin, je remarque des messages clientélistes dans l’attribution de délégations. Je vois qu’il y a un élu en charge des professions libérales, un autre en charge des Nord-africains… C’est un retour sur investissement demandé par un certain nombre de clientèles politiques ! Quoiqu’il en soit, nous jugerons rapidement les possibilités de cette nouvelle équipe, qui est inexpérimentée, au regard de ce qu’elle mettra en place. Nous serons très vigilants comme nous l’avons déjà dit.
Quels sont les dossiers sur lesquels vous serez particulièrement vigilant ?
François Briançon : En premier lieu, l’audit que prévoit Jean-Luc Moudenc sur les finances de la ville. Vendredi dernier, il a déjà prévenu qu’il déroulerait son projet en fonction des moyens financiers à sa disposition. Il va donc pondre un audit alibi qui annoncera une situation financière catastrophique – ce qui n’est évidemment pas le cas – de façon à renoncer ou étaler une partie de ses promesses. C’est prévisible et malheureusement classique… Il ne fait aucun doute qu’entre les annonces et les réalisations, il y a aura un delta très significatif.