La vie politique locale se résumerait-elle à un long et interminable échange qui pourrait se résumer en une phrase : « ce n’est pas de ma faute, c’est de la tienne ».
De ce point de vue, la polémique actuellement en cours sur le prolongement de la ligne B du métro jusqu’à Labège en est le parfait exemple.
On a l’habitude de dire, le passé illustre l’avenir et permet de le comprendre. Peut-être, mais il n’est pas sur que cela suffise aux nombreux automobilistes qui s’entassent chaque matin et chaque soir dans les bouchons, faute de solution de transport en commun efficace.
Mettons tous le monde d’accord : le projet de PLB a effectivement été momentanément stoppé par l’ancienne majorité métropolitaine – pour permettre une répartition financière plus équitable entre les collectivités concernées – avant d’être relancé. C’est un fait, assumé par ailleurs – et encore aujourd’hui – par la majorité dont je faisais partie.
Le projet de PLB, enfin abouti, dont les travaux allaient être lancés, vient d’être stoppé net par Jean-Luc MOUDENC et ses amis : c’est aussi un fait et c’est celui qui va impacter notre quotidien.
Face aux critiques, Sacha BRIAND, au nom de la droite métropolitaine a cru bon défendre les décisions actuelles en évoquant celles du passé : une nouvelle posture politicienne aussi indispensable qu’une paire de moufles sur une plage en plein été.
J’ai lu ici ou là, sur les réseaux sociaux et ailleurs, des remarques agacées face à cette nouvelle partie de ping-pong.
Que les choses soient claires : qu’il s’agisse des bouchons, des transports en commun, du TGV, des modes doux … les dossiers transport et désenclavement sont, depuis trente ans, l’échec retentissant de la classe politique toulousaine, de droite comme de gauche.
Pourtant les bonnes volontées n’ont pas manqué : celle de Dominique BAUDIS avec le transport en commun de masse via le métro ; celle de Pierre COHEN en reconsidérant la place de la voiture et en définissant un vaste schéma de développement autour de lignes LINEO/BHNS et tramway.
Mais comme à chaque fois, aux pas en avant succèdent le recul ou le surplace : les petits calculs remplacent l’intérêt général.
A chaque fois, reconnaissons-le aussi, tous les conservatismes – d’un quotidien que l’on veut changer sans rien changer – se réveillent avant d’être exploités électoralement.
Que faut-il alors faire ?
D’abord, il faut réaliser le prolongement de la ligne B. Le dossier, les financements sont calés. Les travaux peuvent débuter. Pourquoi renoncer ? Ce projet n’est pas en opposition avec celui de la troisième ligne de métro. Il peut même apporter sur le plan calendaire comme sur le plan pratique, une excellente complémentarité.
Jean-Luc MOUDENC est, jusqu’en 2020, le maire de Toulouse et le président de la métropole. Il a donc une responsabilité qui va bien au-delà des limites de sa commune et qui s’étend à toute l’aire urbaine. L’oublier, comme il le fait actuellement, est un formidable retour en arrière.
Je veux saluer l’initiative prise par Georges MERIC, président du Conseil départemental, pour proposer une table ronde réunissant l’ensemble des partenaires pour débloquer la situation. Le maire de Toulouse doit saisir cette opportunité, revenir sur sa décision incompréhensive et reprendre la discussion.
Il faut également poursuivre la ligne de tramway jusqu’à Matabiau et reprendre le développement du réseau bus.
Ensuite, il faut déclarer l’état d’urgence en matière de transport. Notre métropole, ne nous le cachons pas, est fortement handicapée par cette situation ankylosante. La métropole innovante, tournée vers les nouvelles technologies, la capitale du spatial et de l’aéronautique, si fière de ses ressources, de ses talents a triste mine engluée dans les embouteillages et reportant sans cesse des projets, des décisions qui se transformeront demain en problèmes de santé publique.
Et puis, il faut associer. Les responsables politiques ont trop longtemps considéré que les transports étaient un domaine réservé car trop compliqué à comprendre et à appréhender. « Laissez-faire les gens sérieux » : à l’arrivée – malgré quelques réunions publiques lors de l’élaboration des Plans de Déplacements Urbains – les décisions s’élaborent sans les citoyens, les usagers, mais aussi sans le monde économique qui contribue pourtant fortement au financement des infrastructures. Aujourd’hui, soyons ambitieux : aux cotés des élus, il est temps d’associer – y compris au sein du conseil syndical de Tisséo – les usagers et les entreprises.
Il est donc temps d’agir.