Lors du Conseil municipal du 18 mars 2016, le groupe socialiste et républicain a vivement dénoncé la tenue de seulement quatre conseils municipaux par an (les seuls rendus obligatoires par la loi). « Nous ne nous sommes pas vus depuis le mois de décembre », a notamment déploré Pierre Cohen. « Le conseil municipal n’est plus l’instance du débat démocratique indispensable à la quatrième ville de France. »
Les élus socialistes ont tenu à s’associer aux célébrations en mémoire des victimes du terrorisme et de la haine antisémite, disparues les 11, 15 et 19 mars 2012 à Toulouse et à Montauban. Ils ont souligné à cette occasion l’importance de faire vivre la cohésion sociale et la République.
Prolongement de la ligne B : vers l’asphyxie de la métropole
L’arrêt du prolongement de la ligne B du métro jusqu’à Labège, s’il n’était pas à l’ordre du jour du Conseil, a fait l’objet de vifs débats lors des propos liminaires du Conseil, Pierre Cohen voyant dans la décision de Jean-Luc Moudenc une posture politicienne qui l’amène à oublier les besoins urgents de mobilité des habitants de la Métropole. « Avec l’arrêt du PLB, après ceux du tramway et des bus en site propre, c’est toute la colonne vertébrale du réseau de transports de la métropole qui s’effondre », a-t-il souligné. « L’asphyxie de la métropole va inexorablement se poursuivre. »
Augmentation du point d’indice des fonctionnaires : une bonne nouvelle
Pierre Cohen s’est par ailleurs réjoui de la décision du gouvernement d’augmenter le point d’indice des fonctionnaires, et a déploré l’attitude de Jean-Luc Moudenc, qui considère qu’il s’agit d’une offense aux collectivités. « Son attitude témoigne de son désintérêt pour les fonctionnaires » a-t-il déclaré. Joël Carreiras a lui aussi estimé «qu’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les fonctionnaires. »
Fiscalité : la gauche ne cautionne pas
Le groupe socialiste a décidé de s’abstenir sur le vote des taux d’imposition (stabilité fiscale). Joël Carreiras a expliqué que le groupe refusait ainsi de cautionner la politique fiscale menée par la droite toulousaine, qui avait décidé d’une augmentation des impôts de 15% en 2015. Les effets de cette hausse sur le pouvoir d’achat pèseront jusqu’à la fin du mandat.
Renouer avec la solidarité
Gisèle Verniol a par ailleurs appelé la municipalité à renouer avec une politique de solidarité à Toulouse, notamment auprès des familles qui vivent durement la fin de la gratuité de la cantine pour les plus démunis et l’augmentation conséquente des tarifs des CLAE. Claude Touchefeu a de son côté pointé l’absence d’évolution dans le nouveau contrat de ville proposé à l’approbation des élus. « Dans ce domaine plus encore que dans d’autres, il est indispensable d’être innovant ! »
Euro 2016
Alors que l’Euro 2016 doit avoir lieu dans quelques semaines, François Briançon a regretté que le projet toulousain global d’accueil de cette manifestation n’ait pas fait l’objet d’une délibération et d’un débat en conseil municipal. Il a néanmoins estimé que « l’heure n’est pas à la polémique mais au rassemblement des Toulousains pour la réussite de cet événement. L’heure du bilan viendra après. »
Associations malmenées
Les uns et les autres ont déploré la poursuite de la baisse des subventions aux associations, qui fragilisent le tissu social. Romain Cujives a de son côté déploré que l’accès aux salles municipales soit désormais payant pour les associations. « C’est un mauvais signal, qui vient s’ajouter aux baisses des subventions. »
Culture : des choix contestables
Vincentella de Comarmond a regretté, une fois de plus, la baisse des subventions aux associations culturelles et plus spécifiquement celle du musée des Abattoirs, « qui réduit les marges dédiées à l’artistique et à l’action culturelle. » Elle s’est étonnée que dans ce contexte budgétaire contraint, le président du syndicat mixte qui gère les Abattoirs ait choisi de percevoir une indemnité, ce qui n’était pas l’usage… Vincentella de Comarmond s’est également inquiétée du devenir du théâtre Sorano, que la ville a confié à l’association Théâtre populaire d’aujourd’hui. « Sébastien Bournac, son directeur artistique, est une personnalité emblématique de la création théâtrale, un metteur en scène aux qualités humaines et artistiques incontestables, mais aura-t-il les moyens de développer son projet (avec 900 000 € en année pleine) ? »
Pierre Cohen s’est de son côté étonné du sort fait par la municipalité au Printemps du rire, qui s’est vu signifier, alors que la programmation était largement engagée, l’arrêt total des subventions et des aides. « C’est un festival qui existe depuis plus de 20 ans, avec sa notoriété, son public. Une telle décision est incompréhensible. »
Projets urbains : d’avantage de concertation
Isabelle Hardy s’est, quant à elle, interrogée sur le devenir du quartier Arnaud Bernard. « Toutes les actions sont au point mort depuis deux ans, ce qui est catastrophique pour ce quartier : projet de réaménagement urbain, action en faveur des commerces, propreté…. et le dialogue avec les habitants a été rompu. » Elle s’est également inquiétée de la situation des commerçants qui occupent les kiosques de l’esplanade François Mitterrand et dont les jours sont désormais comptés. Sur la méthode, elle a dénoncé une gestion humaine désastreuse. Elle a également suggéré qu’un véritable projet de réaménagement de cette esplanade soit élaboré. « Réfléchissez en terme de circulation, de confort pour les piétons, de diversité commerciale… pensez aussi à la valeur patrimoniale de ces kiosques. Et ensuite seulement vous pourrez prendre une décision qui a du sens et de l’ambition. »
François Briançon a plus largement pointé la question de la sécurité à Toulouse. « La sécurité, on doit la résoudre et pas l’exploiter électoralement. Evitons les postures et agissons ! » Il a également rappelé : « Nous ne sommes pas opposés à la vidéosurveillance, dans la mesure où elle est réellement utile aux missions de la police et de la justice. En revanche, nous dénonçons les opérations de cosmétique inutiles. »
Ancienne caserne de Compans : un projet mal ficelé
La délibération proposant l’échange d’un site municipal situé à Compans Cafarelli abritant des services municipaux contre un immeuble à Borderouge appartenant à l’Icade, a fait l’objet d’une levée de boucliers. Joël Carreiras a demandé le report de cette décision, le projet suscitant un trop grand nombre d’interrogations. « Il n’a fait l’objet d’aucune concertation, le projet de campus numérique que veut installer l’Icade n’est pas défini, il n’est pas intégré dans le plan guide urbain qui vient d’être lancé sur le quartier. » Pierre Cohen a renchéri en notant qu’il était nécessaire de réfléchir sur un projet urbain global pour le quartier de Compans/Brouardel.
Vers la parité des noms de rues ?
Le plan d’action pour l’égalité femmes/hommes a été présenté. Claude Touchefeu a regretté son retrait par rapport au précédent plan, notamment sur les violences faites aux femmes. En marge de ce plan d’action, François Briançon a proposé que la parité devienne un principe dans l’attribution des noms des rues à Toulouse. Cette proposition a été retenue.
Les vœux
Les conseils municipaux se concluent généralement par des vœux, présentés par les groupes politiques. Deux vœux présentés par la majorité consistaient à demander au conseil départemental des actions qu’il mène déjà en faveur des collèges. Les considérant comme sans objet, les élus socialistes n’ont pas pris part au vote.
Un troisième vœu proposait de condamner le mouvement de boycott contre le pays d’Israël. Derrière des positions consensuelles, comme la condamnation du boycott (d’ailleurs déclaré illégal par un arrêt de la Chambre criminelle de la Cour de
Cassation), la poursuite de la coopération entre Toulouse, Tel-Aviv et Ramallah, la nécessité d’une coexistence paisible de deux Etats dans des frontières sûres et reconnues, Jean-Luc Moudenc a fini par reconnaître qu’il s’agissait en fait, d’abord et avant tout, de refuser d’accueillir dans les salles municipales des événements visant à promouvoir le boycott d’Israël. Six élus socialistes ont voté pour, deux n’ont pas pris part au vote.
Enfin, le groupe socialiste a présenté conjointement avec le groupe communiste deux vœux, l’un relatif à la dégradation du service public de l’éducation à Toulouse et l’autre en faveur d’un développement des transports en commun. Le conseil municipal s’est ainsi terminé comme il avait commencé : sur l’absence de réponse aux besoins urgents des habitants de la métropole en matière de transports en commun…