La République a parlé.
En adoptant la loi qui élève Alfred Dreyfus au grade de général de brigade, le Sénat a posé un indispensable geste de justice et de mémoire.
C’est une reconnaissance tardive, mais essentielle, envers un officier que la haine a un jour renié, livrant son honneur aux ténèbres de l’erreur judiciaire.
Il aura fallu plus d’un siècle pour que la Nation répare, dans la dignité, ce que l’injustice avait brisé.
Trahi par les siens, accusé à tort de trahison, humilié publiquement, exilé dans l’enfer de l’île du Diable, Alfred Dreyfus fut réhabilité en 1906, lorsque la Cour de cassation proclama enfin son innocence.
Mais son honneur militaire, lui, ne lui fut jamais rendu.
Ce vote vient clore cette longue plaie ouverte au cœur de notre histoire. Et pourtant, il ne répare pas seulement le passé : il nous interpelle sur le présent.
Car si la République rend hommage à Dreyfus, l’esprit qui l’a condamné n’a pas disparu.
L’antisémitisme, les discours de haine, le rejet de l’autre, l’oubli de l’État de droit : ces poisons rôdent encore, tapis dans nos débats, travestis de nouveaux visages.
Ceux qui, hier, vouaient Dreyfus à la honte, se reconnaîtraient peut-être aujourd’hui parmi ceux qui prétendent défendre la France en l’abîmant.
Leur silence, leur absence lors du vote, n’est pas un hasard : certaines ombres refusent toujours de s’effacer.
