Ainsi donc Jean Jaurès appartient à tous le monde.
Aux socialistes, aux communistes, à l’extrême gauche mais aussi à la droite et à l’extrême droite !
En quelque sorte, 100 ans après sa mort Jean Jaurès tombe dans le domaine public politique.
Suite à ma lettre ouverte au maire de Toulouse pour dénoncer le parallèle audacieux entre la commémoration de Jaurès et sa pratique politique, les missi-dominici de la droite toulousaine me sont vertement tombés dessus pour dénoncer mon « comportement politicien et anti républicain » pour reprendre les mots aimables et peu inspirés du premier adjoint au maire.
Mais mon préféré reste le tweet de Pierre Espuglas, adjoint au maire en charge des musées « personne n’a le monopole de la mémoire de Jaurès ».
Comme Nicolas Sarkozy en son temps, comme Louis Alliot plus récemment cette nouvelle référence à Jean Jaurès reste malgré tout bien partielle.
De Jean Jaurès on ne retient que l’adjoint toulousain à l’instruction publique et l’homme de paix : oublié le Jaurès politique, le Jaurès socialiste celui des mineurs de Carmaux contre le marquis de Soulages, mais aussi le Jaurès toulousain défendant les employés de la compagnie de tramway et omnibus en juin 1891 contre leur patron Firmin Pons qui refusait une réduction du temps de travail et une augmentation des salaires.
Mais ce Jaurès là dérange : sa nouvelle dimension d’icône universelle, bien servie par une grave actualité internationale, est bien plus présentable que celle de l’homme engagé, du militant politique, du journaliste dénonciateur
Un Jaurès Canada Dry, presque marketé, dont la dimension politique se gommerait au profit d’une posture simplement humaniste plus présentable pour celles et ceux qui veulent au fond nous faire croire que la droite et la gauche, c’est la même chose.
Nous laissons beaucoup de Maurras à la droite, qu’elle laisse donc un peu de Jaurès à la gauche. La gauche française et les socialistes en ont d’ailleurs bien besoin dans leurs pratiques comme dans leurs actes.