Le 6 septembre 1914, comme tant de jeunes Français fauchés sur les champs de bataille, Alfred Mayssonnié tombait sur le front de la Meuse.
À Toulouse, il est une légende. Demi de mêlée du Stade Toulousain, il incarne l’âme et la vaillance des premiers temps du rugby. Entre 1908 et 1910, il honore trois sélections en équipe de France, devenant ainsi le premier international issu du club.
En 1910, il est même le seul Toulousain à participer au tout premier match du Tournoi des Cinq Nations, inscrivant pour toujours son nom dans l’histoire du rugby français.
Deux ans plus tard, en 1912, il entre dans la légende du Stade : lors de la finale du championnat de France face au Racing Club de France, Mayssonnié inscrit un essai décisif, celui qui renverse le sort du match et offre la victoire aux Rouges et Noirs. Ce jour-là, il ne marque pas seulement un essai, mais l’esprit d’un club.
Lorsque la guerre éclate, en août 1914, “Maysso” quitte les terrains pour le front. Adjudant au 259ᵉ régiment d’infanterie, il est frappé d’une balle en plein cœur le 6 septembre, lors de la première bataille de la Marne. Il n’a que trente ans.
Sous le feu ennemi, son ami et capitaine du Stade, Pierre Mouniq, l’enterre sur place. Deux jours plus tard, le docteur Paul Voivenel revient sur les lieux, dresse une croix de fortune, et y attache les couleurs du Stade Toulousain. Ce geste simple, fraternel, scelle à jamais le lien entre le rugby et la mémoire.
Dix ans plus tard, en 1925, la ville de Toulouse rend hommage à son héros. Sous l’impulsion du docteur Voivenel, grâce à la souscription lancée par la Dépêche du Mid, le sculpteur Antoine Bourdelle érige le monument Héraklès, place Héraklès, près du canal de Brienne.
Inauguré par le maire Paul Feuga, ce monument dédié aux sportifs morts pour la France devient l’un des symboles du sport toulousain.
Au cœur de cette œuvre puissante, l’ombre de Maysso veille encore : celle d’un homme qui incarna, sur le terrain comme sur le front, le courage, la loyauté et l’esprit d’équipe.
