Il est encore trop tôt pour connaître l’aboutissement du dossier de la nouvelle implantation de Sciences Po Toulouse.
Mais il est, malheureusement, déjà l’heure d’en tirer quelques remarques.
En effet cette affaire interroge.
D’abord sur le rapport entre l’intérêt général et l’intérêt particulier.
Dans une grande ville, peut être encore plus qu’ailleurs, l’équilibre entre le besoin public et la vie quotidienne est indispensable au vivre ensemble.
Il est évident qu’un équipement public, un aménagement urbain, un commerce lorsqu’il s’implante dans un quartier, dans une rue provoque des dysfonctionnements par rapport à un quotidien et des habitudes souvent longuement ancrés dans l’histoire.
Les deux points de vues sont compréhensibles : celui des élus qui doivent au nom de l’intérêt général faire avancer des projets, celui des particuliers qui défendent leur cadre de vie, voir pour certains leur investissement.
Les procédures de démocratie locale, les consultations obligatoires, la presse, l’opposition, les médias sociaux sont autant de contre pouvoirs qui peuvent s’exprimer face aux décisions politiques. Finalement, si l’on prend le recul nécessaire, il est rare qu’un projet voit le jour face à une puissante mobilisation citoyenne, réellement représentative.
Dans le dossier Sciences-Po, il est permis d’en douter, d’autant plus que le projet initial a été revu et corrigé en fonction des remarques initiales.
L’opposition de quelques riverains, rejointe par l’opportunisme politique du nouveau maire de Toulouse, risque donc de l’emporter face à la communauté universitaire et les conditions d’études indignes de 2000 étudiants. Etrange dans la deuxième ville étudiante de France. Et ce n’est pas le chateau de cartes proposé en remplacement qui sera une réponse rapide, financièrement raisonnable et appropriée.
L’attitude du pouvoir municipal amène lui aussi quelques commentaires. Le projet urbain de la droite toulousaine commence à se dessiner. Il est simple : pour l’essentiel poursuivre le travail entrepris par la gauche toulousaine, notamment avec Joan Busquets, le Parc des Expositions, … et pour le reste juxtaposer les intérêts particuliers. Mais la somme des intérêts particuliers ne fait pas un projet de ville.
Il y a quelques jours, dans la Dépêche du Midi, Philippe Gonçalvès, président du conseil de l’Ordre régional des architectes de Midi-Pyrénées témoignait : « La Ville risque de se retrouver dans une position difficile à tenir à chaque fois qu’un projet sera contesté, sous pressions des riverains. » En effet, avec ce fâcheux précédent, l’équilibre entre l’intérêt général et l’intérêt particulier est rompu, par renoncement des élus, au nom de la préservation d’un patrimoine qui a le dos bien large. Une ville figée ?