François Bayrou ne peut ignorer, tant il est martelé depuis des années par l’extrême droite pour instiller la peur et diviser la société, le sens politique du mot « submersion ».
Nous ne sommes pas en présence d’une « maladresse » mais d’un signal lourd de sens : reprendre cette rhétorique, c’est offrir un peu plus de légitimité à des fantasmes démentis par les faits.
Les faits contre les fantasmes
La « submersion » suppose un envahissement, un phénomène irrésistible et incontrôlé.
Or, toutes les études démentent cette vision catastrophiste de l’immigration en France.
Les chiffres de l’INSEE, de l’OCDE et des chercheurs en démographie sont formels : il n’y a ni explosion des arrivées, ni mise en danger de notre identité nationale.
Mais les faits importent peu à ceux qui veulent instiller la peur. François Bayrou a voulu justifier son propos en invoquant un « sentiment de submersion ».
Mais d’où vient ce sentiment, sinon d’un matraquage médiatique orchestré par des chaînes de télévision et des leaders d’opinion qui, jour après jour, surmédiatisent et exagèrent la question migratoire ?
Reprendre cette impression comme une vérité relève non seulement d’une faute politique, mais aussi d’une honte morale.
Une trahison de l’idéal républicain
Le terme « submersion » blesse autant qu’il ment. Il ne vise pas seulement l’immigration illégale, mais tous les Français d’origine étrangère. Il participe d’une entreprise de relégation, de désignation de boucs émissaires, contraire à la tradition républicaine qui fait de l’unité et de l’égalité ses principes fondateurs.
Voltaire disait que les préjugés sont « la raison des sots ».
Ce n’est pas à l’État de les encourager, encore moins de les faire siens.
Après le vote du 7 juillet, après le signal républicain envoyé par les Français, la responsabilité du Premier ministre est d’entretenir la flamme des Lumières, pas de l’éteindre.
Une dangereuse connivence avec l’extrême droite
Gouverner avec les préjugés de l’extrême droite n’aura qu’une conséquence : ouvrir la voie à son accession au pouvoir.
Chaque concession, chaque mot repris, chaque récupération de leurs thèses ne fait que renforcer leur crédibilité et leur emprise sur le débat public.
C’est ainsi que l’on passe du récit fantasmatique à la réalité politique.
L’extrême droite ne gagne pas seule : elle avance à travers ceux qui, faute de courage, adoptent ses thèses.