Le blog-notes de François Briançon

"L'obstination est le chemin de la réussite" Charlie Chaplin

Signez l’appel des TERRITOIRES EN COLÈRE

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Je viens de signer l’appel « TERRITOIRES EN COLÈRE » lancé à l’initiative de nombreux élus locaux ayant soutenu Arnaud Montebourg lors des Primaires. Je vous invite à le lire, à le signer et à nous rejoindre pour défendre nos territoires, pour appeler à une nouvelle République décentralisée et mature, confiante dans ses territoires.

Territoires : les raisons de la colère

Partout dans le monde, le phénomène inexorable de concentration urbaine creuse de profondes inégalités entre les territoires mais également, ne nous y trompons pas, au sein même des métropoles. Parfois, une seule rue les sépare. S’il n’était pas conçu comme un écrasement, mais comme un outil de cohésion sociale et territoriale, l’avènement des métropoles pourrait être bénéfique.

D’un côté, certains espaces urbains, territoires conquérants, éduqués et mobiles et, de l’autre, une immense « périphérie », territoires populaires, ruraux, post-industriels, périurbains, banlieues, tous désintégrés sous l’effet d’une nouvelle ère de la mondialisation libérale comme l’ont démontré Laurent Davezies ou Christophe Guilluy.

Dans ces territoires délaissés, nous constatons le même sentiment de déclassement, la même crainte de relégation ou d’abandon. Les mêmes symptômes entraînant les mêmes maux, nous assistons impuissants à la même tendance : désarroi, crise de confiance en la politique, repli identitaire, poussée constante de l’extrême droite.

En Angleterre, le plus fort soutien au Brexit s’est ainsi trouvé dans le cœur des Midlands et autour de certaines vieilles villes industrielles du nord. Aux Etats Unis, le vote Trump (“le Brexit puissance 3 ” comme l’a lui-même déclaré le Président américain) s’est également concentré dans le Midwest rural, les banlieues tentaculaires de Floride avec leur électorat blanc modeste ou encore dans la  « Rust Belt » cette ceinture des anciens bastions industriels (Michigan, Ohio, Illinois) tandis que New York ou San Diego (proche de la Silicon Valley) épousaient une ligne social-libérale. En Allemagne, en dépit de la victoire d’Angela Merkel, le parti d’extrême droite AfD connaît une progression historique dans l’électorat (notamment en Saxe) jouant sur la peur du déclassement, la crise migratoire et ravivant le clivage Est-Ouest.

En France, le Front National est arrivé une nouvelle fois au deuxième tour de l’élection présidentielle. Si Emmanuel Macron a réalisé des scores élevés au cœur des principales métropoles, le Front National perce chaque jour un peu plus dans les campagnes, les territoires périurbains et ouvriers, les périphéries et banlieues des grandes villes. Dans notre pays, la concentration territoriale s’accélère à vue d’œil détruisant toujours plus d’emplois et provoquant sans cesse plus de départs des populations dans les périphéries des métropoles.

De même, la détestation des territoires est dans notre pays une pente structurelle. Elle découle  de l’alliance des politiques libérales et d’une haute administration d’Etat mondialisée (Cour des Comptes, Bercy et Trésor en tête) qui n’a jamais véritablement digéré les lois de décentralisation et cultive, dans un réflexe typique de l’Ancien Régime, une méfiance historique vis-à-vis des territoires (Michel Rocard l’avait parfaitement illustré dans son Manifeste “Décoloniser la province”).

Emmanuel Macron en est la parfaite incarnation, le triomphe même. Comme pour les filiales de grands groupes du CAC 40, les territoires sont aujourd’hui classés tantôt en « centres de profit », en espaces « high po » (pour haut potentiel), « high tech » ou alors, pour une immense majorité de l’espace français, en « centres de coûts ». Est-ce réellement cela le nouvel âge de l’aménagement du territoire français ?

En tous les cas, ce mépris social et territorial s’illustre très clairement dans la véhémence avec laquelle le Gouvernement orchestre la reprise en main technocratique des collectivités locales par une « élite sachante ».  Tout est minutieusement orchestré et programmé : mise sous tutelle des budgets locaux, retour au contrôle a priori des décisions, baisse des concours financiers de l’Etat,  suppression de levier fiscaux dont les produits seront – comme toujours – imparfaitement compensées, réduction du nombre de contrats aidés mettant à mal tout le secteur associatif de proximité, baisse drastique des crédits de contractualisation notamment dans le champ de la politique de la ville, de l’insertion, de la ruralité ou encore du logement social.

Mais enfin, à défaut d’inventer la DATAR du 21ème siècle, ne pourrait-on pas faire confiance aux territoires plutôt que de les asphyxier à petit feu par un social-libéralisme à bout de souffle dont plus personne, ni en Europe ni dans le monde, ne semble réellement vouloir ? Face à cette vision comptable, nous proposons une vision plus humaine et sociale.

Nous voulons transformer notre colère en une énergie positive. Nous ne manquons pas d’idées pour rationaliser les dépenses publiques notamment en mettant fin aux doublons avec les services de l’Etat et entre collectivités dans des domaines aussi variés que la formation professionnelle, l’économie, l’emploi, l’environnement ou encore les routes et les transports. Chaque jour, nous nous levons en ayant la ferme ambition d’innover, de coller au plus près des transformations sociétales, des nouvelles attentes de nos citoyens.

Nous déployons le très haut débit qui facilitera à terme le développement du télétravail dans notre pays. Nous développons de nouvelles activités artisanales qui embauchent près de 100 000 personnes chaque année. Nous installons des moyens de transports adaptés qui permettent à nos populations de rester dans des territoires auxquels elles sont attachées tout en allant travailler au sein de pôles économiques de proximité. Qui aujourd’hui a entendu parler des « contrats de réciprocité villes-campagnes » contrats par lesquels les espaces ruraux en proximité des aires métropolitaines fournissent en circuits courts des produits de qualité aux écoles et inversement, par un appui technique du CHU de l’aire métropolitaine, des maisons de santé sont implantées dans l’aire rurale de proximité ? Qui pour se demander comment, au sein des métropoles comme entre les métropoles et les territoires avoisinants, toutes et tous peuvent participer d’une même dynamique territoriale convergente ? Rénovation urbaine, villes connectées, territoires ruraux numériques, opendata pour de nouveaux usages économiques, innovations en matière de mobilité, éco et agro quartiers, projets d’investissements créateurs d’emplois de proximité, nos territoires ne manquent pas d’idées et de projets.

La suffisance de nos nouvelles élites empêche parfois le discernement nécessaire pour voir, entendre et – peut-être – accepter que le développement décentralisé de notre pays permet de conforter le développement économique et le bien-être social, cela sans être en contradiction avec le rôle d’un Etat régulateur et investisseur. De nombreux territoires ont par exemple enclenché des stratégies intégrées de transition énergétique ou encore des réflexions sur la mise en place de monnaies locales ou bien des nouveaux indicateurs de développement et de bien-être social.

C’est un nouveau logiciel politique qu’il va nous falloir inventer. Nos territoires ont de la colère, de l’indignation mais aussi de l’énergie et de l’ambition. Sans une nouvelle République décentralisée et mature, sans confiance dans les territoires, notre pays demeurera paralysé,  bloqué et malade. Il y a urgence à nous aider à créer cette nouvelle dynamique en faveur des territoires

 

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