« IL Y A UNE UMPISATION DU CAPITOLE »

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Ci-dessous mon entretien avec Thomas Simonian dans le Journal Toulousain du 18 décembre 2014

Emancipation. Durant la mandature précédente, il a été l’un des piliers du système Cohen. Aujourd’hui on sent qu’il est fin prêt à voler de ses propres ailes, avec une ambition faussement camouflée. En aparté, il juge même que le PS doit changer ses pratiques vis-à-vis des autres formations de gauche. Une révolution à Toulouse. Concernant le Capitole il est sans surprise… Sans concession.

Dans quel état de forme jugez-vous le PS ?

Le PS n’est clairement pas en grande forme, avec beaucoup de militants qui sont interrogatifs concernant le sens et la réalité de l’action gouvernementale. Mais paradoxalement on ne peut que constater que c’est un parti qui a énormément de ressources … Nos Etats Généraux nous ont d’ailleurs permis de nous retrouver sur nos valeurs et d’échanger sur le fond. Je salue d’ailleurs l’action de Jean-Christophe Cambadélis (premier secrétaire du PS, ndlr) et de Sébastien Vincini (premier secrétaire fédéral du PS 31, ndlr) qui ont su remettre notre parti en ordre de marche dans un moment délicat.

Le PS doit-il être à gauche, ou être social-libéral ?

Je suis sur la ligne portée ici par Sébastien Vincini ; le PS ne doit être ni frondeur ni suiveur. Nous ne sommes pas là pour pencher d’un côté ou de l’autre, mais bien pour écouter les uns et les autres et être en capacité de synthétiser toutes les paroles de gauche. Il faut parfois savoir s’opposer avec intelligence et courtoisie au gouvernement, sans pour autant tomber dans la critique systématique.

L’échéance des élections départementales arrive à un moment critique pour le PS. La Haute-Garonne va-t-elle basculer à droite en mars prochain ?

Je concède que la bataille politique va être difficile d’autant que la gauche, malgré le travail de la fédération socialiste pour fédérer, va aller à cette élection en ordre dispersé. C’est une condition de réussite qui s’évapore … Mais je ne crois pas du tout pour autant que tout soit perdu, car nous allons à ce combat avec des candidatures fortement renouvelées. Les socialistes vont s’opposer avec force à la volonté du Capitole : la disparition du département.

Comment analysez-vous les premiers mois de Jean-Luc Moudenc au Capitole ?

La méthode Moudenc, c’est l’oubli des gènes de la droite toulousaine, celle de Pierre et Dominique Baudis. Il a mis fin à la tradition d’une droite modérée dans cette ville pour mettre en place une UMPisation du Capitole. La preuve, avec les choix qui sont faits en matière de sécurité, de culture ou de solidarité, mais aussi en tournant le dos à un certain nombre de valeurs identitaires pour notre ville dont celle de la Laïcité. Les centristes de la majorité municipale n’avalent plus des couleuvres mais des boas. Et je ne parlerai  pas non plus du sort qui est réservé au personnel communal qui doit être, avons-nous appris, dans la loyauté absolue … C’est une mise sous cloche politique du personnel de la ville.

“Une mise sous cloche politique du personnel de la ville”

Êtes-vous opposé à la mise en place de la vidéosurveillance ; la première caméra vient d’être installée dans le quartier Arnaud Bernard ?

Personnellement je ne suis pas opposé à la vidéosurveillance, je reste pragmatique en la matière. Tout comme je n’ai pas forcément une vision négative sur la question de l’armement de la police municipale. Ceci étant dit, la question à laquelle Jean-Luc Moudenc ne répond pas est : quel est le sens de cette politique en matière de sécurité ? S’il s’agit simplement de satisfaire un électorat, c’est sans moi. Je pense même que la mairie ne cherche pas à résoudre les problématiques posées, mais à les exploiter politiquement.

Un nouveau réseau djihadiste vient d’être démantelé à Toulouse. Inquiétant, non ?

Notre ville subit de plein fouet la crise sociale, l’abandon des valeurs, et le désarroi d’une partie de la jeunesse. Il faut que l’ensemble des acteurs locaux et des pouvoirs publics prenne ses responsabilités, avec un Etat qui donne les moyens d’agir réellement.

C’est donc l’échec des ZSP (zones de sécurité prioritaires) ?

Il faut, en effet, mettre désormais le paquet en matière d’effectifs et de moyens à Toulouse, comme cela a été fait dans d’autres agglomérations. Il ne faut pas oublier que nous avons un déficit à combler … Celui des 7000 policiers supprimés durant la présidence de Nicolas Sarkozy.

Concernant votre ancienne délégation, celle des sports, quelle opinion avez-vous de l’action effectuée depuis quelques mois ?

Je constate simplement que Toulouse n’a plus d’adjoint aux sports à plein temps. Il y a un vrai problème de disponibilité pour une délégation majeure.

Et êtes-vous inquiet pour la préparation de l’Euro 2016 ?

Je pense que nous devons avoir vis-à-vis de l’UEFA une démarche beaucoup plus combative. Le seul objectif de l’UEFA est aujourd’hui mercantile, c’est son propre profit. Le rôle de la ville de Toulouse doit être de combattre cela afin de mettre en avant le tissu économique local et les richesses de notre territoire. Le cahier des charges aurait dû d’ailleurs être négocié en amont de la présentation au conseil municipal.