Jaurès, élu toulousain

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Élu député sous la bannière républicaine à Albi, Jean Jaurès devient en 1885 le benjamin de l’Assemblée nationale. Battu par un candidat monarchiste lors des élections suivantes, il retourne à la Faculté de Toulouse pour enseigner et achever les deux thèses qu’il présentera en 1892 à La Sorbonne.

C’est à cette époque qu’il collabore avec La Dépêche de Toulouse, y rédigeant des textes marquants, dont sa fameuse lettre aux instituteurs et institutrices, qui marque son engagement pour l’éducation et la laïcité.

La vie politique rattrape Jaurès en juillet 1890. À la demande de Camille Ournac, maire de Toulouse, il se présente à une élection municipale partielle. Sans opposition, seul candidat, il entre au conseil municipal et devient adjoint au maire, en charge de l’instruction publique. Pendant deux ans et demi, il se consacre à la promotion de l’éducation publique tout en supervisant la construction de nouveaux groupes scolaires et en développant les œuvres scolaires et éducatives. Jaurès ne se limite pas à l’éducation scolaire ; il soutient aussi la construction de nouveaux locaux pour les facultés de sciences, de médecine et de lettres et défend avec force la revalorisation de l’enseignement des « Patois » et des langues régionales.

Toulouse, à la fin du XIXe siècle, est une ville bouillonnante de vie politique. Avec ses 150 000 habitants, elle est le théâtre de débats intenses. Face au Parti Radical puissant, les socialistes, de plus en plus nombreux, gagnent en influence. En 1888, quatre d’entre eux font leur entrée au conseil municipal. Des groupes de réflexion émergent, les syndicats se renforcent, et la Bourse du Travail, inaugurée en juillet 1892 place Saint-Sernin, devient un centre névralgique pour les travailleurs. Dans cette effervescence, Jaurès trouve un terreau fertile pour ses idées. La grève des tramways en juillet 1891 renforce son engagement en faveur du socialisme. Il se forge alors des liens étroits avec les instituteurs et le monde ouvrier, nourrissant une réflexion qui le pousse à adhérer aux thèses socialistes.

En 1893, Jaurès est élu député de Carmaux, tournant ainsi la page toulousaine.

Pour l’historienne Madeleine Rebérioux, grande spécialiste de Jean Jaurès, si sa conversion au socialisme « a été accélérée par la grande grève de Carmaux de l’été 1892, ses fonctions municipales et son activité toulousaine n’y sont pas pour rien non plus. »