Laïcité : de l’Elysée au Capitole

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Une chose est sûre, Emmanuel Macron ne recevra pas cette année le prix de la Laïcité. Malgré les explications confuses de ses affidés zélés, la cérémonie religieuse organisée cette semaine à l’Élysée constitue une transgression flagrante des principes de laïcité.

La laïcité, plus qu’une simple notion juridique, est le socle de notre vivre ensemble républicain. Elle impose à l’État et à ses représentants une neutralité absolue vis-à-vis des religions. En s’émancipant de ce principe, non seulement Emmanuel Macron commet une faute, abîme un principe constitutionnel mais, plus grave, il ébranle la confiance des citoyens dans sa capacité, et celle du gouvernement, à préserver l’espace public de toute influence religieuse.

L’argument est toujours le même : « La laïcité, ce n’est pas la négation des religions », a tenté d’expliquer Gérald Darmanin. Certes, mais cette défense tend à réduire la laïcité à la simple égalité du traitement des religions et à induire que la liberté religieuse serait le critère premier de la liberté de conscience. À Toulouse, pour Jean-Luc Moudenc et sa majorité, c’est la même explication qui prévaut. Conséquence : des adjoints au maire avec leurs écharpes tricolores et dans le cadre de leurs fonctions assistent à des offices religieux… De l’Élysée au Capitole, mêmes travers, mêmes erreurs.

Comment la puissance publique, qu’elle soit d’État ou locale, peut-elle dans ce cas exercer avec force son obligation de neutralité et de vigilance ? Comment exiger le maintien d’une séparation stricte entre l’État et les affaires religieuses ? Comment demander à un enseignant d’expliquer la laïcité, de faire comprendre à la jeunesse ses principes ?

L’initiative du Président de la République, parce qu’il est Président de la République, porte un glissement vers une interprétation de la laïcité qui pourrait s’avérer dangereuse pour l’unité et la paix sociale de notre nation. Après sa présence à la messe Papale de Marseille, il est légitime de se demander, au moment où la loi de 1905 célèbre son 118ème anniversaire, s’il ne souhaite pas redéfinir les rapports entre les Églises et l’État.