Pourquoi me suis-je opposé à la tarification saisonnière de l’eau ?

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Le Conseil métropolitain du 4 avril 2024 a voté la mise en place d’une tarification saisonnière de l’eau portée par Jean-Luc Moudenc et la droite métropolitaine.
Comme mes collègues du groupe socialiste, ainsi que l’ensemble des élus de gauche et écologistes, j’ai voté contre cette délibération qui propose une eau plus chère en été (+42%) avec la promesse d’une diminution hivernale (-30%).

L’absence d’une concertation démocratique

Aucune concertation n’a précédé cette prise de décision. Cette méthode est préoccupante.
L’eau, étant au cœur des enjeux majeurs de notre siècle, notamment en raison des effets du changement climatique, exige une approche collaborative impliquant citoyens, professionnels, et décideurs pour définir des stratégies de consommation responsable et de gestion durable.
La précipitation de cette mesure, visant une mise en application dès le 1er juin 2024, ignore l’importance d’une démarche participative, pourtant essentielle à l’acceptabilité et à l’efficacité de toute politique publique concernant l’eau.
Ce passage en force, nouveau témoignage de la méthode Moudenc, est inacceptable.
Cette hausse, les habitants de la métropole ne la découvriront que sur leur facture !
Par ailleurs, l’engagement de compenser les baisses de consommation aux entreprises privées délégataires soulève également
des questions sur la priorisation des intérêts financiers par rapport à la gestion durable et équitable de l’eau.

L’impact social

La tarification saisonnière ignore les différentes situations sociales.
Augmenter le coût de l’eau dès cet été sans considérer l’impact sur les familles à faible revenu, notamment celles qui ne peuvent pas s’échapper ou se protéger de la chaleur estivale, est profondément injuste.
Cette mesure va pénaliser disproportionnellement les personnes les plus vulnérables, sans garantir une baisse effective de la consommation d’eau parmi ceux qui ont les moyens de supporter une augmentation des coûts.

Une efficacité non prouvée

La tarification saisonnière ne tient pas suffisamment compte de la complexité des enjeux liés à la consommation et à la gestion de l’eau. La nécessité de réduire la consommation d’eau ne se limite pas aux périodes estivales; elle est une préoccupation constante tout au long de l’année pour permettre aux nappes phréatiques de se recharger et de soutenir un cycle hydrologique sain.
Par ailleurs, l’idée qu’une goutte d’eau économisée en été est une goutte d’eau gagnée ignore la valeur écologique de l’eau dans le maintien de la biodiversité, la dilution des pollutions, et le soutien aux écosystèmes aquatiques et terrestres.

Des alternatives plus équitables

Volontairement, Jean-Luc Moudenc a ignoré des solutions plus efficaces et équitables comme celles mises en place à Dunkerque ou à Montpellier.
À Dunkerque, la tarification progressive de l’eau, basée sur la consommation, avec une tarification réduite pour les premiers mètres cubes consommés, a prouvé son efficacité pour encourager une consommation responsable tout en préservant l’accès à l’eau pour tous. Ce modèle a non seulement permis de réduire la consommation globale mais a également intégré un volet solidaire pour soutenir les ménages les plus vulnérables.

À Montpellier, l’approche a été d’offrir les premiers mètres cubes d’eau gratuitement, garantissant ainsi l’accès à l’eau pour tous, et d’appliquer ensuite une tarification progressive. Cette politique encourage non seulement la sobriété dans l’utilisation de l’eau mais soutient également les familles les plus modestes en leur garantissant l’accès aux nécessités de base sans coût supplémentaire.

Ces exemples montrent clairement qu’il existe des alternatives plus justes et plus efficaces à la tarification saisonnière proposée par Toulouse Métropole.

Pour toutes ces raisons, j’ai voté contre la proposition de tarification saisonnière de l’eau, convaincu que notre Métropole mérite une politique de l’eau plus juste, plus inclusive, et plus durable.