Problème sur l’addition

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La sécurité des toulousains est un enjeu majeur, une priorité fondamentale qui mérite du sérieux et de la rigueur.
C’est pourquoi j’ai trouvé très préoccupante l’interview d’Olivier Arsac, adjoint à la prévention et à la sécurité du maire UMP de Toulouse parue hier matin dans la Dépêche du Midi : des chiffres fantaisistes et une évaluation budgétaire approximative : inquiétant !
Si ce n’est l’absence prévisible du mot prévention, sur le fond rien de nouveau, juste un rappel des propositions électorales de la droite toulousaine : doublement des effectifs de la police municipale, installation de 300 caméras de vidéosurveillance, armement de la police municipale, création d’un BAC municipale, … .
Mais au-delà de ce débat qui a déjà eu lieu – et qui se poursuivra – ce qui est très surprenant c’est l’annonce que « 5 millions d’€ de plus par an » seraient nécessaires.
Cette affirmation est fausse, très largement fausse et je souhaite le démontrer.
Prenons d’abord une base indiscutable de réflexion : le compte administratif 2012 c’est à dire le bilan comptable de la ville de Toulouse que chacun peut librement se procurer et vérifier. Pour la clarté de la démonstration j’ai légèrement arrondi les chiffres.
• SALAIRES DES POLICIERS MUNICIPAUX SUPPLÉMENTAIRES :
Aujourd’hui un agent de la police municipale coute en moyenne 57 000 euros par an au budget de la ville. Ce qui représente un coût total de presque 11 millions d’euros par an pour un peu plus de 180 agents. Si l’on rajoute 150 policiers municipaux supplémentaires il faut donc prévoir un budget complémentaire de 8, 5 millions d’euros par an pour les seuls salaires et cotisations sociales.
• EQUIPEMENT ET CHARGES DE SERVICE : 
Aujourd’hui ce coût est d’environ 8000 euros par agent de la police municipale soit un budget de 1, 5 million d’euros.
On peut bien sur estimer que des économies d’échelle pourraient être réalisées mais il reste fortement prévisible qu’un budget supplémentaire de 1 million d’euros n’est pas improbable.
• FONCTIONNEMENT DU RESEAU DE VIDÉOSURVEILLANCE : 
En ce qui concerne les caméras de vidéo-surveillance, monsieur Arsac annonce un investissement de 10 000 à 15 000 euros à l’unité, soit 450 000 € au total. Même si les coûts peuvent variés de manière sensible selon les technologies, cette affirmation me parait peu sérieuse car elle ne prend pas en compte les frais d’études et d’installations. La Cour des Comptes avance un chiffre de 36 000 euros par caméra qui me parait plus conforme.
Mais, au-delà de l’investissement, ce qui est très surprenant c’est l’absence totale de chiffrage du fonctionnement lié à l’exploitation du dispositif (opérateurs, locaux, …). Si l’on rapporte le cout d’exploitation actuel (environ 10 000 euros par caméra et par an) et le ratio proposé par la Cour des Comptes (7400 euros pas caméra et par an) au nombre de nouvelles caméras on peut estimer le coût de fonctionnement entre 1, 5 million et 2 millions d’euros par an.
• RÉSUMONS-NOUS :
8, 5 millions pour les agents municipaux + 1, 5 million pour leurs équipements + 1, 5 million pour le fonctionnement des caméras de vidéosurveillance c’est en fait 11, 5 millions d’euros – au mieux – que cette politique coutera chaque année à la ville soit plus du double du chiffrage annoncé par Monsieur Arsac. 
Augmentation d’impôts, suppression de postes, économies sur les services du quotidien des toulousains, privatisation, l’avenir nous dira vers quels financements supplémentaires la droite toulousaine se tournera … et pour quelle efficacité ?