Sénatoriales : la gauche résiste mieux que prévu

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Une analyse intéressante de Christophe Borgel sur le résultat des élections sénatoriales.

Il n’y a pas de vague bleue. J’avais indiqué que nous abordions ces élections sénatoriales en challenger et qu’il était vraisemblable que la gauche perde le Sénat. Le résultat de ce dimanche n’est donc en soi pas une surprise. Et il ne saurait être question de nier une défaite électorale mais de tenter d’en tirer quelques enseignements.

Pariant sur l’effet mécanique des élections municipales, en campagne conte la réforme territoriale, la droite avait annoncé une Berezina pour la gauche, ce n’est pas le cas et le résultat marque une belle résistance du Parti socialiste et de ses alliés. Le Parti socialiste perd environ vingt sièges mais en gagne sept. Nous sommes donc bien dans une résultante étroite des municipales. Notons enfin que la division à gauche conduite à la perte de sièges ou à l’absence de conquête dans plusieurs départements.

La droite n’obtient pas ce qu’elle recherchait et on ne parlait de vague bleue. L’UMP n’obtient pas la majorité absolue qu’elle espérait. Et il n’y a pas l’effet Sarkozy que certains escomptaient. Certes, avec plus de 140 sièges l’UMP dispose du premier groupe du Sénat, mais l’UDI apparaît à droite comme le grand bénéficiaire de ces élections. Et l’UMP se trouve prise dans une contradiction entre le centre et le FN.
Le FN obtient deux sénateurs et entre pour la première fois à la chambre basse. Nous avons la confirmation dans ce scrutin très particulier de la solidification du FN. Dans de nombreux départements, le nombre de voix obtenu est très supérieur nombre de grands électeurs de ce parti. Il est vraisemblable que le FN a mordu chez les grands électeurs divers droite et qu’il a bénéficié d’un jeu trouble de la droite sans doute dans les Bouches-du- Rhône et dans le Var.

Cette élection sénatoriale a montré les inquiétudes des élus locaux dans les territoires ruraux en particulier. Inquiétudes liées au doute sur la réforme territoriale mais plus profondément liées au sentiment d’une partie des territoires ruraux et urbains qu’ils sont les laissés pour compte. Laisser se développer ce sentiment d’une France à deux vitesses, avec d’un côté les territoires métropolitains en dynamique de développement et de l’autre des territoires qui cumulent les zones blanches du numérique et les pertes d’emplois alimentera le vote pour le Front national. Nul doute qu’il nous faudra répondre fortement à ces inquiétudes à l’occasion des élections départementales et régionales de 2015.