Lancé en 2009, le projet TESO-Matabiau avait pour objectif de répondre aux grands enjeux inhérents au développement de notre Métropole et de tenir compte des changements induits par la création d’une plateforme de transports multimodale. Ceci dans un souci d’équilibre et de développement partagé de l’aire urbaine et de la région.
Afin que ce projet ne soit pas imposé, une large concertation avait été initiée avec les acteurs et les citoyens impliqués.
Or Jean-Luc Moudenc nous propose aujourd’hui un projet qui ne tient pas compte de l’avis des habitants, qui aura des impacts négatifs sur le plan environnemental et qui remettrait en cause l’équilibre social et économique du quartier, et au-delà même, du centre ville.
Un projet imposé sans concertation
Pour se concrétiser, un tel projet aurait eu besoin d’être compris et accepté par les riverains, les associations et les acteurs économiques et sociaux. Hélas, le plan guide urbain finalisé en 2016 et qui faisait consensus a été largement modifié, sans concertation. Le nouveau document présenté en 2018 a donc soulevé un fort mécontentement de la part des associations et des comités de quartier.
Un projet négligeant l’enjeu environnemental
La desserte automobile et le stationnement sont considérés comme prioritaires, ce qui va inévitablement augmenter de façon exponentielle le trafic routier dans le quartier. Cette logique de mobilité encore trop basée sur la voiture dénature les ambitions de TESO et a des conséquences très néfastes sur le cadre de vie, l’ambition de lutte contre le changement climatique et la pollution atmosphérique. Ce sont près de 40 000 personnes qui seront amenées à fréquenter ce secteur, en tant qu’habitant, travailleur ou visiteur. Ces nouveaux flux vont engendrer, selon le Projet Mobilités 2025-2030, une augmentation de 9% des émissions de gaz à effet de serre. Au regard de l’enjeu climatique et de santé publique, c’est inacceptable.
Par ailleurs l’ensemble ferroviaire de Toulouse -Matabiau, Périole et Raynal- doit conserver ses capacités de transport voyageurs et de fret et ne doit pas être bradé aux promoteurs immobiliers.
Le site pouvait être accessible par différents modes de transports collectifs en prolongeant la ligne de tramway de Saint-Michel jusqu’à Matabiau, achevant ainsi la boucle initialement prévue, en attendant l’hypothétique 3ème ligne de métro, dont la réalisation est conditionnée à un phasage pour un financement soutenable.
Un projet déséquilibré remettant en cause la mixité du quartier
Le volume de commerces aujourd’hui prévu (de 35 000 à 50 000 m²) suscite des inquiétudes dans le quartier mais aussi auprès des commerçants du centre-ville qui redoutent un déséquilibre inexorable.
Les 300 000 m² de bureaux prévus paraissent disproportionnés, il faudrait des décennies pour les remplir au rythme du développement actuel.
Le risque de créer un pôle de mobilité central autour d’un quartier d’affaires, engendrerait une surconcentration des flux en journée. Sans équipement ni service cette zone deviendra un quartier « non vivant » le reste du temps. Le risque majeur est donc, par la spéculation immobilière et le peu d’habitat à loyer accessible, d’écarter les populations intermédiaires de ce territoire.
Enfin, la Tour Occitanie fait irruption dans le projet urbain comme dans le paysage ! Ce projet d’immeuble de 150m, conduit au pas de charge, sans tenir compte de l’avis des riverains et dérogeant aux règles du PLUiH – absence de logement social et même de parkings à vélos – répond avant tout à une volonté d’affichage.
Alors que TESO aurait pu être le symbole de tous les défis de la Cité du futur : démocratiques, environnementaux, sociaux, économiques … il devient l’emblème de ce qu’il ne faut plus faire !
François Briançon, Pdt du Groupe Socialiste
Isabelle Hardy, Pdte du Groupe Génération.s, Socialisme et Ecologie
Pierre Lacaze, Pdt du Groupe Communiste
Antoine Maurice, Pdt du Groupe Toulouse Vert Demain