Intervention liminaire conseil municipal du 13 juin 2019

Ce conseil municipal se déroule dans une ambiance paradoxale et je voudrais prendre quelques minutes pour vous en parler.

Nous l’espérons tous, demain soir, le Stade Toulousain offrira peut-être aux toulousaines et aux toulousains un 20° Brennus.

Nous sommes toutes et tous plein d’espoir :  4 finales contre Clermont, toutes remportées. J’en suis convaincu, la 5° sera au rendez-vous et les toulousains très nombreux dimanche soir, place du Capitole.

Il y a quelques jours plus de 20 000 personnes étaient dans les rues de notre ville, à l’occasion de la marche des fiertés, pour prouver, à celles et ceux qui en doutent encore ou le refusent, que Toulouse est synonyme de tolérance et de fraternité.

Depuis hier, les sonorités de Rio Loco rassemblent de nouveau un très large public et dans quelques jours, la fête de la musique lancera l’été toulousain.

Pourtant, si ces moments partagés peuvent rassembler des foules immenses, il ne faut pas perdre de vue une autre  réalité, sur laquelle, conseil après conseil, je ne cesse de vous alerter.

Cette réalité c’est celle du Toulouse qui va bien et celle du Toulouse qui vit mal.

Je l’ai déjà dit dans cette enceinte, cette situation est la conséquence de nombreux facteurs et, loin de moi, l’idée de la caricaturer pour y trouver une unique origine municipale.

Pourtant, la responsabilité de la droite toulousaine, que vous représentez, est engagée :

  • face à la dureté de leur vie, face aux difficultés du quotidien, les toulousains les plus fragiles vous demande de l’action, ils ne trouvent que de la résignation,
  • face aux fins de mois difficiles et à la baisse de leur pouvoir d’achat, ils demandent des décisions redistributives, des services publics développés et performants, des gratuités et des tarifs solidaires … ils retrouvent que des augmentations, des baisses de subventions, des hausses de tarifs.

Votre début de mandat aura été marqué par le mensonge électoral, il finit dans  le déni social.

Le deuxième sujet sur lequel je souhaite m’exprimer est celui de la situation inquiétante de notre ville en matière de sécurité.

Vous aviez pris des engagements forts au moment de la campagne électorale. Celui tout d’abord d’augmenter les moyens techniques et humains de l’intervention municipale : vous l’avez fait et je veux vous en donner quitus.

Mais vous aviez également pris des engagements en matière de résultats.

De toute évidence, ce furent des paroles imprudentes.

Il y a nous le savons deux situations en matière de sécurité.

– Tout d’abord, ce qui est en rapport avec les actes inciviques au sens large.

Ces actes inciviques ou de petites délinquances renforcent le sentiment d’insécurité et il est souvent compliqué d’apprécier de manière exacte, au-delà des statistiques officielles souvent controversées – la réalité de la situation. 

Dans ce cadre, la police municipale joue un rôle essentiel. Vous en avez augmenté les effectifs – et le groupe socialiste l’a approuvé – il faut leur garantir les moyens d’actions, leur formation et – c’est le plus important – leur sécurité. 

Il faut aussi réinvestir dans la médiation. J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer cette proposition : celle de la création d’une grande direction traversable de la médiation réunissant les acteurs municipaux, Tisséo, les bailleurs sociaux, les représentants associatifs, le monde enseignant, …

– Et puis il y a les actes criminels, essentiellement liés à la drogue, malheureusement trop souvent meurtriers. Cette réalité c’est vous-même qui l’écrivait à la garde des sceaux et au ministre de l’intérieur dans le courrier récent que vous venez de co-signer avec les maires des grandes villes françaises : « l’ évolution particulièrement inquiétante du trafic de stupéfiants génère une recrudescence de la violence et du deal de rue qui dégrade la vie des quartiers » En clair, la situation devient incontrôlable.

Sur ce point, monsieur le maire, je veux vous apporter la totale solidarité des élus socialistes.  Il n’y aura de notre part aucun renoncement, aucun calcul électoral, aucune division face à la montée inquiétante de la criminalité dans notre ville. 

Je voudrai pour terminer, dire quelques mots sur l’opération de communication que la ville de Toulouse vient d’engager pour présenter le bilan municipal.

Vous le savez, mes chers collègues, dans un petit trimestre, cette campagne aurait été impossible et même passiblement comptabilisable sur un compte de campagne électorale.

Elle n’est pas illégale mais elle est moralement et politiquement discutable.

Alors, je pourrais avoir une lecture optimiste et me dire que cet affolement communicatif traduit une profonde incertitude sur le jugement des toulousains à l’égard de votre action.

Mais j’ai une compréhension moins indulgente : Parlons clair, des fonds publics, l’argent des toulousains et des contribuables sont utilisés à des fins électorales.

C’est un grave précédent car c’est la première fois qu’une opération d’une telle ampleur, menée en parallèle avec des actions de votre micro-parti, est organisée à Toulouse à quelques mois de la fin d’un mandat municipal.

D’autant plus, que cette campagne de communication privé sur fonds publics intervient après une série d’opérations de communication par quartiers, elle aussi très discutable.

J’ai lu avec attention, dans la presse, le compte rendu de votre conférence de presse. Vous avez dit « les toulousains nous en voudraient si nous étions déjà tournées vers les élections ».

Monsieur le maire, je vais vous faire une confidence – ne perdez pas votre temps dans les postures – personne ne vous croit !

Vous êtes en campagne électorale et vous l’avez lancé par votre conférence de presse.

Alors, je ne vais pas ici évoquer largement votre bilan. Il y aurait beaucoup de chose à dire – et c’est un paradoxe – pour un bilan si maigre.

Je voudrais juste vous signaler – pour vous être agréable et utile –  qu’il y a sans doute eu des  erreurs à la relecture ou au bon à tirer.

Par exemple, la phrase sur l’augmentation des impôts locaux a sauté. J’ai remarqué également un problème – sans doute d’impression – pour les hausses de tarifs dans les transports, les CLAE ou les cantines. Après, j’ai également trouvé, une erreur de frappe sur le titre de la page 15 : la vie sportive et associative encouragée, je pense que vous vouliez écrire découragée … .

Pour aller plus loin dans ce bilan ce qui me frappe c’est que vous félicitez de réalisations, dans tous les quartiers de la ville, qui ne sont en fait que la simple application des compétences municipales. Comme dans toutes les villes de France, vous ouvrez des écoles, vous créer des places en crèches, vous aménager les espaces publics, vous organisez un feu d’artifice et la fête de la musique … mais c’est, monsieur le maire, c’est normal, tout le monde fait cela, c’est tout simplement votre rôle, votre mission.
Si vous étiez boulanger vous nous diriez « super ce matin, j’ai fait un truc extraordinaire j’ai fait du pain ».

Alors ce bilan ne remplit en rien une mission d’information, c’est une campagne de propagande politique. La réalité est tout autre c’est celle d’une ville à panne assommée par les hausses d’impôts et de tarifs, une ville qui préfère verdir son discours que de passer aux actes écologiquement concrets et efficaces, une ville où on consulte sur l’accessoire et où on oublie les citoyens sur les dossiers essentiels , en clair votre bilan, c’est celui d’une ville plus chère, plus pollué et moins solidaire.