Territoires péri-urbains, le Parti socialiste doit reconquérir les couches populaires et mener le combat contre le Front National

Contribution fédérale présentée par :

Georges MERIC, Président du SCOT Lauragais, Eric OGET, Président du SCOT Nord Toulousain, et Gérard ROUJAS, Président du SCOT Sud Toulousain, Sébastien VINCINI, Secrétaire fédéral aux élections

La victoire de François HOLLANDE le 6 mai 2012 a su lever l’espérance.

La victoire, aussi large fut-elle en Haute-Garonne, et notamment à Toulouse, ne doit pas masquer l’apparition inquiétante d’une dynamique des droites dans l’espace périurbain : c’est là où le FN s’enracine et progresse, là aussi où l’UMP a le mieux résisté. Ces résultats nous interpellent et surtout nous obligent à travailler sur les raisons d’un tel ancrage territorial du vote extrême.

Nous sommes des socialistes de Haute-Garonne. Issus de différentes sensibilités politiques du Parti, c’est la première fois que nous signons un texte commun. L’enjeu qui nous rassemble est d’une toute autre importance que nos divergences éventuelles.

Ce n’est pas simplement une affaire de territoire, mais de conviction politique. Nous avons choisi de contribuer au débat fédéral car nous pensons que la lutte contre la montée du FN doit être un combat majeur du PS au niveau de chaque territoire. C’est aujourd’hui une nécessité car si la gauche dispose d’un contexte qui lui est historiquement favorable (Présidence, majorités à l’Assemblée Nationale et au Sénat, majorités dans les Régions, Départements et grandes villes), elle est contrainte à réussir en créant les conditions d’un recul des idées de l’extrême droite et du populisme.

Nous ne pouvons pas passer sous silence les difficultés et le désespoir des couches populaires des territoires périurbains que nous connaissons bien. Nous devons défendre ces catégories sociales si nous ne voulons pas perdre non seulement la confiance des citoyens, mais aussi et surtout l’identité des combats que nous menons au sein de notre famille politique de gauche.

Par cette contribution, nous ouvrons une réflexion qui doit guider l’action fédérale. Dans le contexte terrible de la crise actuelle et après une période sans précédent de stigmatisation et de division, la résorption des inégalités doit nous rassembler et réunir tous nos efforts. Nous apportons tout notre soutien à François HOLLANDE et nous encourageons le gouvernement dans la pleine réalisation des propositions se destinant à réduire les fractures territoriales et sociales.

L’espace péri-urbain haut-garonnais, des territoires fragilisés

Cet espace péri-urbain, compris entre 20km et 70km de Toulouse et d’une grande diversité de situations sociales et urbanistiques, concentre près d’un tiers de la population du département.

Conséquence du phénomène de métropolisation, la «périurbanisation» et l’étalement urbain, vont de pair avec le creusement des inégalités sociales et territoriales.
En effet, le succès du pavillon, correspond autant à la recherche de davantage d’espace et de qualité de vie pour les populations aisées que de l’impossibilité pour de nombreux ménages de rester en centre-ville devant la forte hausse des loyers et des prix immobiliers. A cela s’ajoute un glissement vers le rural de personnes en situation de précarité ne pouvant plus se loger en ville faute le plus souvent de place dans le parc social, sans pour autant pouvoir accéder à la propriété (étudiants, familles monoparentales, personnes isolées, ménages en situation précaire…).

L’éloignement croissant entre lieu de travail et lieu d’habitation accentue les difficultés économiques, et le sentiment de déclassement des couches populaires et moyennes. Les temps de trajet s’allongent, les heures perdues dans les embouteillages également. Le coût du transport et l’insuffisance majeure des infrastructures de transport collectif constituent une véritable entrave au marché de l’emploi, sachant que le périurbain rassemble moins de 15% de l’emploi offert, souvent moins bien rémunéré qu’en agglomération.

A l’heure de la hausse du prix des carburants et de la crise économique, l’habitat en pavillon périurbain expose à une fragilité financière supplémentaire. Quand le remboursement du pavillon, ou la part du loyer, compte pour un tiers du budget et l’automobile pour un quart, il ne reste pas grand chose pour vivre.

Ces dernières années, la fermeture de services publics (école, poste, hôpital, gendarmerie), et la concentration urbaine des services à la personne ont conduit souvent à l’extinction du tissu social d’un village ou d’un quartier correspondant à ce qu’on nomme la cité dortoir.
Cette réalité permet de comprendre en grande partie le sentiment d’abandon des couches populaires et moyennes, par les pouvoirs publics, sentiment d’injustice sociale accentué par le ressenti d’être les seules à contribuer aux prestations destinées aux plus pauvres qu’elles.

Force est de constater que la précarisation, la désindustrialisation, l’inégalité d’accès aux services publics et à l’emploi, l’insécurité sociale, viennent donner corps aux discours du FN et expliquent sans doute une propension plus élevée de passage à l’acte, notamment dans les milieux populaires les plus fragilisés et les plus exposés.

C’est en s’attaquant à cela, en affichant un volontarisme local pour lutter contre ces inégalités et cette insécurité sociale qui fait s’abandonner à la compassion vénéneuse de l’extrême droite, que le Parti Socialiste renouera durablement avec les couches populaires. Ainsi, le « vivre ensemble » ne saurait plus être qu’un concept mais bien l’intitulé de mesures de reconquête face au FN.

Enfin, la Haute-Garonne est riche de territoires divers recouvrant des réalités urbanistiques et sociologiques différentes. Aucun de ces territoires ne doit se développer au détriment des autres. Aussi, cette réflexion est dans les mêmes termes proposée aux acteurs de la première couronne toulousaine et de la ville centre. Certes, ces territoires sont moins touchés par le vote FN dont on a observé un glissement des centres urbains aux zones plus rurales. Néanmoins, certaines villes périphériques sont exposées aux mêmes difficultés que nous évoquons précédemment (insuffisance des transports en commun, renchérissement du coût des loyers).

Après le 6 mai, poursuivons le Changement !

De l’urgence d’affirmer la solidarité et l’égalité des territoires et de renouer avec les classes populaires

L’élection de François HOLLANDE a soulevé un espoir pour les classes populaires et moyennes, et il est de notre devoir de le soutenir, mais également de garantir que les propositions qui ont permis ce succès se retrouvent dans l’action gouvernementale. C’est un impératif qui ne peut souffrir la déception, au risque de subir la défection rapide de cet électorat. En cas d’échec, nous voyons bien que la situation politique deviendrait intenable et ouvrirait un boulevard au Front national.

Pour plus de justice, plus de solidarité, François HOLLANDE l’a martelé pendant sa campagne, affirmons la République ! Une République qui défend l’égalité et la solidarité des territoires, qui s’engage vers une véritable reconquête des zones périurbaines et ses citoyens !

Une République responsable : la moralisation de la vie publique devra également redonner de la force à l’action publique ; en cela, faire du non-cumul des mandats et de la lutte renforcée contre les conflits d’intérêts les pivots du regain de confiance de la population en la classe politique.

C’est dans ce cadre républicain que les leviers d’actions sont possibles. Nous en aborderons trois qui nous paraissent essentiels pour lutter contre les fractures territoriales et sociales :

• la grande réforme fiscale ! Cette réforme ne saurait trouver dans la crise une raison de ne pas être réalisée. Les inégalités de revenus ont explosé après cinq années de politique fiscale dévastatrice. La progressivité de l’impôt doit redevenir réalité pour garantir la justice sociale promue par le Président. Cette réforme doit être d’ampleur, transparente et comprise par tous, elle permettra au Parti Socialiste de renouer avec les réformes qui font « changer la vie ».

• le gouvernement AYRAULT souhaite s’attaquer au redressement productif du pays. En Haute-Garonne, nous appelons à un desserrement économique et à une déconcentration de l’emploi en dehors de l’agglomération toulousaine : les actions croisées de soutien à l’implantation d’entreprises, d’appui aux services à la personne et à l’économie résidentielle sont la clef de la création de richesse sur les territoires périurbains.

• la réflexion sur l’Etat et les collectivités devra être menée à son terme. Nous souhaitons une gouvernance solidaire et concertée des grandes questions d’aménagement et de développement (transport, santé, éducation, logement, petite enfance et services à la personne). Dans le contexte de métropolisation active, cette démarche permettrait notamment de faire émerger des complémentarités intéressantes, et de répondre par un meilleur maillage des services publics à la promesse républicaine d’égalité des territoires. Nous encourageons également la mise en œuvre d’une péréquation entre collectivités riches et territoires pauvres visant à prévenir les risques du déclassement.

François HOLLANDE a ouvert la voie du Changement en incarnant un nouveau champ des possibles, plus juste et porteur d’une égalité réelle entre tous les citoyens, entre tous les territoires. Il faudra un Parti Socialiste fort et rassemblé pour encourager le gouvernement à assurer nos engagements et garantir la réussite de notre projet.

Pour une fédération rassemblée, forte et innovante
A la pointe du combat pour l’égalité des territoires et contre le Front National !

Le Congrès de Toulouse devra être le congrès du rassemblement des socialistes.
Nous nous engageons à contribuer résolument à rassembler tous les socialistes de Haute-Garonne qui souhaitent agir pour le Changement porté par François HOLLANDE.

Nous sommes viscéralement attachés au Parti socialiste, à son histoire, à ce qu’il représente. Nous défendons la conception d’un parti militant, porteur de valeurs communes. Nous prônons l’action militante collective car notre Parti ne saurait être un outil au service d’une personnalité ou d’un clan.

Du rassemblement et du respect de tous, nous souhaitons que notre fédération en tire sa force pour contribuer au Changement autour d’instances fédérales renouvelées et d’une animation politique guidée par l’intérêt général.

Nous nous engageons pour une fédération forte qui garantira le respect des militants dans leur choix, comme sur le non cumul des mandats. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de voir des camarades renier leur engagement et ainsi affaiblir la position du Parti socialiste sur la rénovation de la vie politique, et contredire dès les premiers mois, un engagement fort de François HOLLANDE.

Nous encourageons une fédération qui débat, qui anime, qui propose, qui s’ouvre au mouvement social, au dialogue avec les syndicats, les associations et le peuple de gauche, comme nous avons su le faire avec les primaires citoyennes et la campagne présidentielle. Nous n’avons rien à craindre du débat tant la situation du pays est grave et complexe. Le débat a toujours fait notre force.

Enfin, afin de répondre à l’exigence politique de reconquête des couches populaires, et de contribuer au reflux du vote FN, il est nécessaire :

  • de poursuivre la réflexion sur ce vote, ensemble avec les militants politiques, associatifs, syndicaux, les élus et nos concitoyens,
  • d’imaginer et de mettre en œuvre des stratégies de reconquête des classes populaires qui se sont éloignées de nous, particulièrement en direction des zones périurbaines.Les Français ont exprimé la volonté du Changement. Nous souhaitons, par notre réflexion et notre engagement, contribuer à la réussite de notre majorité, et ainsi préparer les futures victoires de la gauche et assurer le rayonnement des valeurs socialistes sur notre département.